A Glass Menagerie […]

Le verre est l’un des emblèmes de la modernité urbaine. La contradiction qui l’habite interpelle : il laisse passer la lumière mais bloque la matière ; il ouvre l’espace mais le segmente. L’abribus ne rompt pas la continuité visuelle mais protège des intempéries, les cabines de téléphones isolent les conversations mais en projettent le spectacle muet. Les fonctions officielles du décor urbain sont bien souvent détournées au profit de rassemblement informels, de commerces illicites, d’habitations spontanées, ou d’expressions graphiques à caractère publicitaire, artistique voire vandale. Autant de scories qui brouillent et redécoupent l’espace urbain. Cette vision complexe témoigne de la solitude urbaine, la perplexité face aux manèges humains, la segmentation des individus… Ces vues (scène urbaines anonymes + écran de verre souillé/modifié/abîmé) évoquent une analogie avec le procédé photographique même. Ce dernier laisse en effet passer la lumière mais la conditionne, prétend à la fidélité documentaire alors qu’il est manipulable et prédisposé aux accidents chimiques ou aux aberrations optiques. La présente série s’interroge ainsi sur une réalité où s’emboîtent celles du paysage urbain, de la citadinité, et de la photographicité.

—- MB 2011 —-